| Les déambulations du cueilleur d'ombres. | |
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elshé Romantiques
Messages : 269 Date d'inscription : 17/10/2010 Age : 43 Localisation : dans l'ombre
| Sujet: Les déambulations du cueilleur d'ombres. Ven 22 Oct 2010, 20:38 | |
| Un texte d'introduction pour vous dévoiler un peu de mon univers. J'ai commencé tout d'abord à étudier le clair-obscur en maîtrise d'art-plastiques. Ce mémoire consistait à étudier le clair-obscur en tant que dispositif plastique et visuel de capture du regard dans la toile. Pour cela j'ai comparé l'oeuvre de Georges de La Tour, peintre du 16eme, et celle d'Edward Hopper, peintre du 20eme. Un défit bien casse-gueule mais relevé honorablement (en tout cas du point de vue de mon directeur de recherche et de son ascesseur, deux personnages qui ont les dents pointues quand il s'agit de bouffer un étudiant). Ces recherches n'ont pas été sans conséquences pour moi et m'ont révélées une partie de ma personnalité que j'avais occultée jusque là. Une véritable épreuve de l'esprit dans tous les sens du terme. S'approcher trop prés des ombres n'est pas sans conséquences. Je reparlerais à l'occasion de cette partie de mes recherches si vous le souhaitez. En DEA je me suis tournée vers les ombres portées. Cerise sur le gateau qui a fini de transformer ma vision du monde et apporté plus de maturité à mon regard commun et mon regard d'artiste. J'ai eu du mal au début à integrer les ombres portées dans mon univers, ma pratique picturale se concentrant essentiellement sur les paysages pour la peinture à l'huile, les drapés médievaux pour le crayon de couleur et les friches industrielles et le tout et n'importe quoi pour la photo, troisième pratique qui n'avait pas d'importance à mes yeux. Je me considérais avant tout comme un peintre débutant et non comme un photographe, bien que j'ai toujours pris un immense plaisir à saisir des images. Je ne considérais pas mes photos comme dignes d'accéder à un statut de photos d'art. Les recherches du DEA m'ont permis de décomplexer à ce niveau et de faire des progrès notables. Le numérique aidant, cette pratique est devenue aussi importante que les autres. C'est en analysant plus en profondeur mes photos de sous-bois qui me servaient de base de données comme support visuel pour des compositions à l'huile, que j'ai eu le déclic qui m'a permis d'integrer les ombres portées. Le clair-obscur était présent, déjà, dans nombre de mes photos. texte de présentation extrait du mémoire de DEA: PAYSAGES A PORTEE D’OMBRES. Quelques mots sur ma pratique photographique des ombres. L’association ombres/paysages peut sembler a priori paradoxale. Pourtant, ombres et paysage se marient et se modifient sans cesse au gré de la luminosité et les heures du jour. De plus, les ombres font corps avec le paysage. Les ombres peuvent entretenir un rapport étrange avec les objets et figures qui les projettent ainsi qu’avec les surfaces sur lesquelles elles glissent. Lorsqu’elle subissent des déformations ou se placent sur deux murs à la fois, le rapport qu’entretient le regard avec l’espace et la forme s’en trouve perturbé. Elles peuvent prendre l’apparence de créatures fantastiques sortant de l’obscurité. La silhouette s’émancipe et semble alors se doter de vie sous nos yeux. L’ombre redevient alors l’image même de nos peurs ancestrales. Lorsque ce sont les surfaces de projection qui se chevauchent, la perception de l’espace est brouillée. Nous sommes alors face à une composition abstraite. Les ombres confèrent, aux lieux où elles se dessinent, une dimension surréaliste, comme si nous entrions soudain dans un monde parallèle où les simulacres règnent en maîtres. Les paysages d’ombres s’organisent totalement librement. L’intervention du photographe cueilleur d’ombre se limite à un re-cadrage. La principale difficulté consiste à débusquer ces ombres, à savoir les remarquer. Le photographe est un chasseur d’ombres qui les capture de la même façon qu’elles apparaissent et existent. | |
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elshé Romantiques
Messages : 269 Date d'inscription : 17/10/2010 Age : 43 Localisation : dans l'ombre
| Sujet: Re: Les déambulations du cueilleur d'ombres. Sam 23 Oct 2010, 20:01 | |
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roma Romantiques
Messages : 108 Date d'inscription : 28/02/2011 Age : 59 Localisation : Forêt de la Fontaine belle eau
| Sujet: Comment on s'ombre Ven 04 Mar 2011, 19:22 | |
| Amie Elshé,
Votre papier m'a captivé. Il y a une grande richesse à exploiter sur ce thème.
Vous me combleriez si vous développiez un peu cette épreuve de l'esprit dont vous parlez lors de vos recherches.
Mes hommages appuyés... | |
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Kehren Romantiques
Messages : 79 Date d'inscription : 26/10/2010
| Sujet: Re: Les déambulations du cueilleur d'ombres. Sam 05 Mar 2011, 20:02 | |
| Ma Révérence Elshé ..+..
L'Ombre planante à bien des visages elle y dessine le notre sans dénaturer ses véritables valeurs ou dé valeurs ..+.. Vous captez les formes et votre œil ou devrais je dire Âme, avisée fait apparaître ce monde semi-caché qui nous entoure , nous cerne ,nous dévoile ,et communique à celui qui sait les voir le véritable visage des êtres ,des choses, des "hommes" ..+..
Loajnice ..+..
Un art ,une sciences , une magie à approfondir sans la moindre hésitation ..+.. | |
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elshé Romantiques
Messages : 269 Date d'inscription : 17/10/2010 Age : 43 Localisation : dans l'ombre
| Sujet: Re: Les déambulations du cueilleur d'ombres. Sam 05 Mar 2011, 22:27 | |
| Bonsoir,
Loajnice, oui c'est un peu "l'envers du décor" qui est montré par le biais des ombres - quant à savoir si c'est la véritable nature des choses/êtres qui est montrée par le biais de leur projection la réponse n'est pas évidente - la qualité d'une ombre dépend de la source lumineuse, son intensité, sa position dans l'espace etc... L'ombre peut sembler fidèle jusqu'à ce que l'on s'aperçoive qu'elle n'est pas tangible - déformée elle peut sembler reveler autre chose et l'on voit une anamorphose trompeuse qui ballade l'esprit entre ce qui est et ce qui n'est pas monde plat de faux-semblants? ou projection des faux-semblants que nous nommons réalité? la complexité des ombres ne cesse d'amener de nouvelles questions qui s'imbriquent les unes dans les autres en couches de ténèbres
et c'est cette complexité qui en fait une épreuve de l'esprit, chèr(e) Roma l'épeuve que j'ai évoqué plus haut a débuté lors des recherches sur le clair-obscur pour le mémoire de maîtrise En effet élaborer une composition en clair-obscur ne demande pas seulement de l'habilité manuelle et un goût sûr pour bien distribuer ombres et lumières dans la composition. Chercher seulement par le biais du clair-obscur à dramatiser une scène pour capter l'oeil du spectateur ne suffit pas pour conférer une véritable profondeur à une oeuvre. La petite touche qui fait la diffèrence tient dans une recherche spirituelle, ou encore un regard critique, une distanciation par rapport au modèle Ainsi lorsqu'on se met à décortiquer à fond l'oeuvre d'un artiste, bon grés mal grés, on s'imprègne de cette spiritualité qui transpire des toiles: - chez La Tour on plonge à fond dans les lumières du christiannisme et il aura fallu alors réviser les bases avec les icones (je n'avais pas encore la maturité pour comprendre pseudo denys et St jean de La croix mais j'ai comblé cette lacune récemment avec l'oeuvre d'Agnieszka Daca) - l'ombre devient le lieu de l'intériorité et de l'accomplissemnt de l'âme - Avec Hopper c'est le questionnement autour de la lumière électrique qui fige et réifie les êtres - là aussi révision des bases avec l'inquiétante étrangeté de Freud - et beaucoup plus tard (après les études) la compréhension de l'ombre jungienne que je n'avais alors que survolée et pas eu le loisir d'approfondir - l'ombre est alors repli sur soi-même, faux refuge qui emprisonne Tout cela pour conclure enfin que j'ai du me confronter à moi-même. | |
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roma Romantiques
Messages : 108 Date d'inscription : 28/02/2011 Age : 59 Localisation : Forêt de la Fontaine belle eau
| Sujet: Pétillements Mer 09 Mar 2011, 19:29 | |
| Des bulles percent à la surface : quelques mots qui s'arrondissent dans des formulations propres à traduire nos pensées. Mais, pour cela, il faut un ferment ("l'Inquiétante..."). Mais, il faut aussi ne pas le ravager, et contre l'éruption, la manière nous impose ces pétillements. Ils sont du reste nécessaires et suffisants à aviver notre sang, lourd, d'époques ancestrales. Je ne remuerai donc pas trop dans le sujet, ici, mais seulement chez moi.
L'imprégnation : Une information digérée ?
La maturité : Une configuration capable de digérer des substances plus lourdes ?
L'ombre : Un plan sans pli, une variation de point de vue étalant un autre patron, une trappe sans fond : chute captivante... prédatrice.
L'ombre : Transcendantalité de l'être en objet d'imagination.
La distance : Capacité à ne pas se prendre au sérieux ; mais à jouer, c'est-à-dire à se confronter à son propre esprit. Etre spirituel, c'est user d'images (magie, imagination) : user, pour s'augmenter, et non pas s'abuser ! La distance est ce tact qui nous place au-delà (au-dessus des contingences : la matière doit être vue comme une source d'esprits).
Epreuve, que tout cela : Voir, c'est déjà (se) confronter...
Спасибо Эльше. | |
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elshé Romantiques
Messages : 269 Date d'inscription : 17/10/2010 Age : 43 Localisation : dans l'ombre
| Sujet: Re: Les déambulations du cueilleur d'ombres. Mer 09 Mar 2011, 20:16 | |
| imprégnation : oui une information digérée, une réapropriation aussi maturité : oui aussi - il faut du temps pour approfondir et reflechir, temps dont on ne dispose pas toujours quand l'écheance de rendre le travail approche - et lorsqu'on ne maîtrise pas assez telle partie de questionnement mieux vaut la laisser de côté que de se disperser, surtout avec des sujets délicats distance : employée ici dans le sens ou l'artiste oeuvrant à une représentation ne se contente pas de mimer betement une perception mais y apporte une touche de son interiorité - distance donc par rapport à une réalité perçue : integration du ressenti, vision intèrieure inquiétante étrangeté, comme la caverne de Platon et autres classiques, en fac d'arts plastiques ça revient tous les ans au menu avec une sauce différente - on en mange jusqu'à (presque) écoeurement | |
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elshé Romantiques
Messages : 269 Date d'inscription : 17/10/2010 Age : 43 Localisation : dans l'ombre
| Sujet: Re: Les déambulations du cueilleur d'ombres. Dim 04 Sep 2011, 18:51 | |
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Hans Salander Romantiques
Messages : 42 Date d'inscription : 28/08/2011 Age : 40 Localisation : Antibes
| Sujet: Re: Les déambulations du cueilleur d'ombres. Dim 04 Sep 2011, 19:54 | |
| Les ombres... les immortaliser sur des clichés est une idée qui me plait beaucoup. J'aime vos photographies. Certaines ressemblent à des peintures | |
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elshé Romantiques
Messages : 269 Date d'inscription : 17/10/2010 Age : 43 Localisation : dans l'ombre
| Sujet: Re: Les déambulations du cueilleur d'ombres. Dim 04 Sep 2011, 19:59 | |
| Merci Quand il m'arrive d'imprimer mes photo d'ombres j'aime le faire sur un épais papier de dessin afin d'obtenir un grain particulier presque pictural justement. Les composantes même de la photo sont l'ombre et la lumière, fugaces et immatèrielles. Cela parait presque paradoxal de les fixer sur un cliché. | |
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Hans Salander Romantiques
Messages : 42 Date d'inscription : 28/08/2011 Age : 40 Localisation : Antibes
| Sujet: Re: Les déambulations du cueilleur d'ombres. Dim 04 Sep 2011, 20:14 | |
| Paradoxal oui... mais c'est un concept intéressant justement.
Excellente idée pour le choix du papier! Les photographies ou il y a du grain me plaisent beaucoup en principe. J'ai l'impression que ça leur donne une âme qu'elles n'ont pas sur un papier tout lisse.
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elshé Romantiques
Messages : 269 Date d'inscription : 17/10/2010 Age : 43 Localisation : dans l'ombre
| Sujet: Re: Les déambulations du cueilleur d'ombres. Dim 04 Sep 2011, 20:53 | |
| le grain rappelle la texture des photos pictorialistes - ils colorisaient leurs photos en peignant dessus - cela donne une matière trés particulière (presque picturale) qui confère une certaine présence au cliché - plus tard, ils ont été décriés car on considérait alors que cette technique assujetissait trop la photo à la peinture - | |
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Hans Salander Romantiques
Messages : 42 Date d'inscription : 28/08/2011 Age : 40 Localisation : Antibes
| Sujet: Re: Les déambulations du cueilleur d'ombres. Dim 04 Sep 2011, 21:38 | |
| Ça ce fait encore de peindre sur une photo. j'ai vu un artiste il n'y a pas très longtemps qui fait ça justement. J'ai trouvé le résultat superbe. Sinon il y a des photographes assez connus qui font ça aussi, Pierre & Gilles par exemple. En tout cas j'aime beaucoup les photos qui ont du grain. Elles doivent être belles vos ombres, lorsque vous les imprimez | |
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roma Romantiques
Messages : 108 Date d'inscription : 28/02/2011 Age : 59 Localisation : Forêt de la Fontaine belle eau
| Sujet: Re: Les déambulations du cueilleur d'ombres. Lun 05 Sep 2011, 11:45 | |
| Les ombres sont à leur objet ce que les dessins sont aux photographies : un masque qui expurge des informations en excès pour ne souligner que les formes à saisir et qui expriment leur fond. Le flou artistique, la transfiguration... techniques d'estompe. Filtrer, c'est prendre de la hauteur, se détacher, voir froidement : juste au coeur. Attitude d'assassin (de cueilleur d'ombre !) qui ne s'attarde qu'aux points vitaux. Nous apprenions à voir dans la nuit en biaisant notre regard : même principe. Que voit-on des arbres d'Elshé ? - Qu'ils sont bien cris et mouvement, puissance et espace, gardiens, mémoire, réseau, antennes. Nos esprits tutélaires du berceau au cercueil et de nos déclarations dans l'entretemps. Le cueilleur d'ombres nous apporte beaucoup... | |
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elshé Romantiques
Messages : 269 Date d'inscription : 17/10/2010 Age : 43 Localisation : dans l'ombre
| Sujet: Re: Les déambulations du cueilleur d'ombres. Dim 18 Sep 2011, 15:34 | |
| Appel de l'ombre (morosité d'un samedi desert) Une ombre, de drapeau flottant au vent sans doute, sur un buisson - elle apparaît et disparaît d'abord linéaire comme une porte s'ouvrant vers le monde l'obscur - S'élargissant et s'animant au fil du vent, elle se tord, s'assombrit puis s'éclaircit, se pare de texture à travers les reliefs de la rangée de sapinnettes. Le vent la fait tantôt disparaître ou se mouvoir en une cascade de taches sombres qui coule le long de la verdure, comme un filet d'eau, ombre mouvante et evanescente. Ondulations rythmiques, rapides puis lentes, comme les pages agitées d'un livre ouvert abandonné aux caprices du vent. Puis elle est partie avec la course du soleil - brève escale sur un mur... Et puis plus rien. 13/11/10 *********************************************************************************************************** quelques ombres de feuilles de vignes, capturées au ras du sol | |
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| Sujet: Re: Les déambulations du cueilleur d'ombres. | |
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| Les déambulations du cueilleur d'ombres. | |
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